Alors que sort un plantureux coffret de quinze albums de sa grande époque (1969-1983), l’inoxydable Alice Cooper continue sans faiblir d’épouvanter et de ravir ses fans. Rencontre et écoute.
Toujours très présent à la scène, Alice Cooper se fait en revanche plus sporadique en termes de sorties d’albums. La parution d’un coffret couvrant l’intégrale de son œuvre entre 1969 et 1983 permet d’embrasser le panorama glam ou plus heavy de ce maître du shock-rock.
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Tes quinze premiers albums ressortent. Y en a-t-il que tu aimerais réévaluer ou à l’inverse voir disparaître de la liste ?
Alice Cooper – Non, il n’y en a aucun que je sois tenté de renier. Je les vois comme des enfants et chacun a ses bons côtés. En outre, si mes classiques comme School’s out ou Billion Dollar Babies se dénichent aisément, ceux que j’appelle “les albums pour fans”, tels DaDa ou Zipper Catches Skin, sont durs à trouver. Et si à la réécoute j’ai pu être tenté de remixer certaines parties, j’ai préféré ne pas toucher à la patine de l’époque car chacun écoute et se souvient des disques différemment. J’avais lu une fois que les Beatles survivants parlaient de remixer Sgt. Pepper’s… en espérant que ça n’arrive pas, car pour moi le premier jet est le bon.
Donc pour toi, remixer un disque, c’est un peu en tuer la magie initiale ?
Non, mais tu aboutis parfois à un résultat si propre et si précis que tu perds toute la sève du début : la fièvre et l’urgence du rock’n’roll ! On dit souvent que l’analogique sonne mieux que le numérique et ça me semble fondé. Le son d’un vinyle te paraîtra toujours plus chaud, avec des fréquences plus naturellement adaptées à l’oreille. La première fois que j’ai écouté Satisfaction des Stones en CD, je n’entendais que ce qui avait changé dans le mix et franchement je préférais l’ancien. En plus, quand il s’agit de rock ou de hard, ça me paraît plus judicieux que ça reste un poil sale et abrasif. Repense aux albums des Stooges ou du MC5, où ce côté mal léché du son ressort vraiment !
Tu incarnes depuis longtemps une “figure paternelle” pour de nombreux groupes. Mais, musicalement ou visuellement, ton univers semble manquer au rock aseptisé d’aujourd’hui !
Oui, avec Kiss ou Aerosmith, nous ne sommes plus qu’une poignée à être dans le paysage depuis 1970 et je me dis que de telles longévités n’existeront plus. En ce sens, les Foo Fighters pourraient être le dernier groupe à durer plus de vingt ans et à partager cette éthique de travail que nous, les Stones ou les Beatles – puisque Paul McCartney tourne encore sans cesse – avions. Sortir un disque, le défendre en live, composer le suivant en même temps, et rebelote.
Tu es une sorte de Bowie du shock-rock… Comme lui, tu es passé par maintes phases musicales et conceptuelles, influençant des dizaines de groupes…
Oui, et nos concerts actuels préservent cet esprit, avec trois parties distinctes comme autant de couleurs de ma carrière. On attaque sur des brisées plutôt glam, avant un chapitre plus shock-rock, et ensuite on honore nos amis disparus des Hollywood Vampires1, avant de terminer par nos trois plus gros hits. Et en variant toujours quelques titres. Je ne veux ni routine ni retraite !
Ton exécution à la guillotine a toujours été le moment fort de tes concerts. L’idée provient-elle de tes lointaines racines françaises ?
Peut-être. On m’a déjà fait la remarque car il n’y a jamais eu de guillotine aux Etats-Unis. Mais tu sais, je suis apparenté à La Fayette ! Nos familles sont cousines éloignées, donc il se peut qu’inconsciemment ça vienne de là.
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